À la plage, les pieds dans l’eau sous un soleil radieux. Le travail de nageur sauveteur semble agréable, sur le papier. Mais cet emploi saisonnier, quelques mois durant l’été, est un engagement à l’année. De longues formations et un entraînement physique permanent sont nécessaires pour être apte le moment venu. Des obligations qui demandent une organisation rigoureuse et empiètent souvent sur le quotidien.
Elsa, 20 ans, a rejoint le centre de formation et d’intervention (CFI) d’Orléans en octobre 2022. Joueuse de badminton depuis sept ans, elle ne peut plus pratiquer son activité avec la même assiduité. « Les entraînements ont lieu le lundi soir, au même moment que les séances de natation du CFI. Je pratique beaucoup moins et je ne peux plus faire de tournois. » Mais la formation de sauveteur passe en premier.
Certains prennent l’habitude de jongler avec les séances de natation. « Je n’ai pas manqué une saison depuis mon arrivée à la SNSM, en 1999, souligne Jean-Philippe, 46 ans, nageur sauveteur et formateur au CFI de Lyon. J’aime m’arracher, me challenger. Je vais en saison dans le Finistère, à Audierne, depuis 2002. » Pour rester dans la course, il faut se mettre au niveau. Les « NS », comme on dit dans le jargon, peuvent suivre de nombreuses formations.
Jules, 20 ans, nageur sauveteur au CFI de Nantes depuis deux ans, en a profité pour perfectionner ses compétences. « Quand on enchaîne les journées de surveillance où l’activité opérationnelle est limitée, on se demande si on saura bien réagir quand une intervention sera nécessaire », confie le jeune homme au sourire jovial. En octobre, il est devenu formateur en secourisme à l’issue d’un stage de douze jours. Il a sauté sur l’occasion dès qu’il a pu intégrer une formation, chamboulant son planning habituel. « J’ai demandé une semaine d’absence à la fac, explique cet étudiant en licence de géographie. Et posé deux week-ends de congés dans mon job de serveur. »
Jean-Philippe, lui, a appris à conjuguer son métier de professeur de flûte traversière et son engagement à la SNSM au fil des années. « Je fais toujours le week-end de formation au sauvetage aquatique en tant que formateur, développe-t-il. Je réserve systématiquement ces dates bien en amont. »
« Je renonce à certaines sorties pour être au top »
Des réflexes presque inconscients pour le Lyonnais, qu’Elsa adopte progressivement. Étudiante en deuxième année de licence de sport, la recrue enchaîne les activités physiques tout au long de la semaine. La fatigue et les courbatures l’obligent parfois à se détourner d’autres occupations. « Je renonce à certaines sorties entre amis pour être au top, explique-t-elle. Le repos est important pour limiter les risques de blessure. »
Le CFI d’Orléans organise des séances de sport le vendredi soir. Pompes, abdos et gainage, des exercices intenses juste avant le week-end. « C’est le dernier gros effort de la semaine, souligne Elsa. L’ambiance de groupe donne envie de se dépenser ensemble. »
Cependant, il est parfois impossible de se libérer de ses obligations personnelles pour participer aux entraînements communs. Il faut alors trouver le courage de pratiquer seul, de se rendre à la piscine entre deux cours, d’enfiler les baskets le soir après une journée de travail. Jules fait du footing et va nager ou surfer en mer dès qu’il le peut. « Il y a des périodes où je fais moins de sport car je n’ai pas le temps ou je suis fatigué, reconnaît le jeune homme au physique trapu. Cela ne dure jamais longtemps car me dépenser me fait du bien. »
Jean-Philippe, lui, appartient à un club de triathlon. Une passion qu’il partage avec ses trois filles. Ce vétéran à la stature imposante s’y entraîne trois fois par semaine. Indispensable, selon lui, pour exercer sa fonction de chef de secteur l’été, où il est responsable des huit postes de secours de la baie d’Audierne. En plus de faire le lien avec les mairies et de répondre aux besoins des NS, il peut aussi être sollicité pour renforcer le dispositif de surveillance d’une plage en cas de forte affluence ou de mer agitée. « Je dois être opérationnel comme les autres. Je me poserais des questions sur ma fonction si je ne pouvais pas les suivre physiquement. » La relève semble assurée : sa passion pour la SNSM se transmet à ses filles au fil des années et des entraînements. « L’aînée a 17 ans et trépigne déjà d’impatience de partir en plage dès qu’elle sera majeure. »
Article rédigé par Rémy Videau, diffusé dans le magazine Sauvetage n°163 (1er trimestre 2023)